L’idéologie scientifique, refuse de voir dans le sujet humain
autre chose qu’un contenant purement organique et un contenu
culturel. Le contenant est hérité de la lignée et le contenu est le
fait de l’interaction entre l’environnement et le contenu
organique.
Cette vision de l’humain n’est pas le fait du hasard. Elle
est l’aboutissement logique d’une démarche méthodique commencée
avec la rupture avec l’église et l’ oppression qu’elle exerçait sur
l’intelligence humaine et couronnée par le triomphe de la théorie de
l’évolution et le behaviourisme en mode d’emploi , dans le but de
dresser le sujet déshumanisé. Et depuis, tout a été fait pour
cloisonner l’intelligence, en lui traçant des « guides-lignes »
infranchissables … dépassant ainsi l’oppression de l’église en son
temps.
La psychanalyse est la première à franchir ces
limites en ouvrant une brèche dans cette construction en montrant
que l’humain n’est pas totalement dans « je pense donc je suis » ,
mais il est presque totalement ailleurs , en désignant cet ailleurs
par l « Inconscient ». Cet Inconscient est défini comme le refoulé,
en tant que en gros, ce que l’éducation (la culture) a écrasé de
l’instinct humain. Ainsi elle a fait de l’instinct le représentant
ou plutôt le réservoir de l’humanité de l’humain avec un seul et
unique porte parole le langage. Ainsi le langage devient le versant
intelligible de l’instinct. Autrement dit le langage est érigé
comme la bible d’un dieu unique l’instinct.
Alors l’instinct dont parle la psychanalyse est
-il différent de celui des comportementalistes et à leur tête les
behaviouristes? Et, comme tout le monde le sait ces derniers font de
lui la pierre angulaire de l’humanité de l’humain? Pour la
psychanalyse le sujet humain est le fait du langage et rien
d’autre. Autrement dit tout commence avec le langage et se termine
en lui/avec lui. Et c’est là le piège, à mon sens, La preuve c’est
ce que nous vivons de nos jours; Comme par le passé les gens ont fui
la parole « divine » de l’église , ils fuient , de la même manière
aujourd’hui, le discours politique qui devient comme disait Marx
l’opium du peuple, et puisque l’opium n’est pas une drogue dure, les
gens l’ont fui pour des vrais drogues dures… Même chose pour la
culture qui devient un jargon universitaire renfermé sur lui même
qui n’ « amuse » plus les foules. De la même manière ni la parole de
l’analysé ni celle de l’analyste n’ont plus de portée en dehors du
divan… que celle d’un chaman ou d’un illuminé quelconque qui parle
des vertus de la sorcellerie ou de la magie… Ainsi l’intelligence
humaine est induite dans un labyrinthe dont les seules issues, comme
nous le voyons aujourd’hui, une violence démesurée avec ses
corollaires.. de drogue.. d’alcool .. de désarroi généralisé.. et
une inflation extraordinaire dans le nombre des utilisateurs des
psychotropes. Sans que de l’autre coté l’Inconscient de la
psychanalyse, comme je viens de le dire, ne propose une solution
qui donne de l’espoir à l’humain de trouver une sortie de son
enlisement. Alors la solution ? La solution n’est pas forcément dans
le retour aux vielles recettes. La solution réside dans le retour
calme et serein à tout ce que a été évacué arbitrairement
par l’intolérance des idéologies, des écoles et des
philosophies etc.… pou refaire apparaître ce que a été évacué
arbitrairement des dimensions de l’humanité de l’homme.
La psychanalyse naissante ne pouvait pas aller plus loin
dans la compréhension de cette nature, de cet « Ailleurs » dont
j’ai parlé tout à l’heure. Elle a juste débroussaillé le chemin ;
c’est ce qui explique sa focalisation sur l’intégration dans un
discours déimaginarisé et désacralisé de l’être. Car n’oublions pas
que c’est la pathologie qui a conduit la psychanalyse à ses
découvertes… Découverte des deux lois fondamentales de cette
intégration: Le Complexe d’Œdipe, qui consiste en gros à couper le
cordon ombilical entre la mère et son fils afin de lui permettre de
se reconnaître en dehors de son attraction imaginaire. Cette
nécessité met l’enfant devant l’autorité libératrice qu’il doit
affronter pour s’affranchir de sa tutelle et occuper la place que
le société lui désigne comme lieu de son épanouissement.
Tout cela reste vrai… mais il ne répond pas à l’attente de
savoir si la nature humaine n’est autre chose que la dimension
sociale qui est elle même l’expression de ses instincts à travers le
langage ?
Avec mon premier article j’ai essayé de démontrer la
confusion qui existe entre l’Etre Humain et le sujet humain (être
culturel) et comment cette confusion peut-elle être très dangereuse
pour l’identité humaine ; et que le langage ne pouvait pas être ni
le modèle ni la référence de cette identité bien qu’il est vrai il
reste le meilleur garant à cet accès …
Apres avoir parlé, dans mon premier article, de la
genèse de cette identité je repère aujourd’hui ses assises. Comme
je l’ai rappelé, la psychanalyse pour la cause de ses objectifs a
retenu comme signifiant de cette socialisation le « Moi » de
l’énoncé, en passant sous silence son signifié le « Je » de
l’énonciation réduisant ainsi le « Moi » à une chimère plus qu’à
une réa lité. La difficulté pour la psychanalyse qu’elle ne pouvait
pas trouver un « ailleurs » à son « Ailleurs » qui est l’Inconscient.
Pourquoi ? Parce que le « Je » est passé sous la barre et il est de
ce fait hors de la portée du langage, et comme tout le monde sait
la psychanalyse ne travaille que sur le langage… Et pourtant la
solution réside là effectivement… trouver un « Ailleurs » à l’Inconscient
de la psychanalyse.
En réalité le « Moi » est la projection « humaine » du
Sujet de l’énonciation. Et grâce à ce « Sujet » que l’humain accède
à son humanité et au langage la voie de sa socialisation.
Reste l’autre question comment le « Moi » peut-il
véhiculer le langage et être en même temps structuré par lui ?
Parce que les deux structures (le Moi et le
langage) obéissent à la même logique fondatrice. Les deux sont la
projection du « Je « de l’énonciation. Les deux structures sont
complémentaires, ne pouvant se passer l’une de l’autre ni ne pouvant
exister l’une sans l’autre. Structurale -ment les deux structures
obéissent aux mêmes lois et à la tête de ses lois la loi du genre:
male et femelle d’un coté et masculin et féminin de l’autre. Mais
les lois les plus in équivoques sont celles du langage. Elles sont
immuables au dessus de toute confusion ce qui n’est pas le cas pour
le genre humain.
L’humain est hybride par essence. Car, comme chacun le sait,
ni le male n’est totalement male ni la femelle n’est totalement
femelle. Le male est male avec une petite dose de féminité et la
femelle est femelle avec une petite dose de masculinité. Autrement
dit (XX et XY)est une construction qui ne correspond pas à la
réalité. Pour qu’elle colle à la réalité il faudrait l’écrire pour
le male (XX +xy) et pour la femelle (XY+ xx). Alors que le langage
est à l’abri de cette
Confusion…
il y a le féminin d’un coté, le masculin de l’autre et parfois dans
certaines langues le neutre. Dans la réalité comment cela se
passe-il pour le sujet humain ? Quand les choses se passent
sainement, ce qui est très rare de nos jours, le male hérite sa
masculinité de son père, je parle de son (XY) et sa petite part de
féminité de (XX) de sa mère ; et la femelle prend l’original de sa
féminité, son (XX) de sa mère et son complément (XY) de son père.
Mais pour des raisons subjectives propre à chacun des parents ce
schéma est totalement perturbé et il en résulte : Le male prend
l‘original de sa masculinité de l’image de la masculinité de sa mère
(La fameuse petite dose de xy) et la femelle prend sa féminité de
la petite dose xx de son père… Ainsi l’équilibre, sur lequel est
bâti notre humanité, est rompu… ET la psychanalyse croit pouvoir le
« remodeler » en enserrant le sujet dans la structure langagière et
sociale, comme référence, à défaut de le réinsérer dans sa lignée….
A suivre. |